Protocole RANSPRE :

Investigateur coordonnateur :

Vassilis Tsatsaris :Maternité de Port Royal, Hôpital Cochin AP-HP – Paris

Responsable scientifique

Catherine DENEUX : INSERM Equipe EPOPé, Centre de recherche en Epidémiologie et Statistiques CRESS, Paris

Impact du dépistage de la prééclampsie au premier trimestre sur la morbidité périnatale et maternelle : un essai randomisé multicentrique.

Justification scientifique

L’étude RANSPRE est le premier essai à tester l’impact sur les résultats de santé périnatale et maternelle d’une procédure de dépistage de la prééclampsie au premier trimestre de la grossesse associée à un traitement par aspirine des femmes enceintes dépistées à risque. Une évaluation médico-économique permettant une analyse coût-efficacité sera également réalisée. Les résultats de cette étude constitueront des informations essentielles pertinentes pour le système de santé français qui guideront l’élaboration des politiques de prévention de la prééclampsie (PE) dans la population générale des femmes enceintes. Si les résultats montrent un bénéfice, ils apporteront une preuve supplémentaire solide pour la diffusion en soins de routine de ce dépistage avec un bénéfice démontré pour la santé. S’ils ne montrent aucun bénéfice ou un impact iatrogène et des coûts élevés, cela constituera une connaissance importante qui évitera la propagation d’une pratique potentiellement délétère.

Objectifs

Objectif principal : Évaluer l’impact du dépistage de la PE au premier trimestre sur l’incidence de la morbidité périnatale sévère.
Objectifs secondaires:

  • Évaluer l’impact du dépistage de la PE au premier trimestre sur :
    • l’incidence de la prééclampsie
    • l’incidence des composantes de la morbidité maternelle modérée et sévère
    • l’incidence des composantes de la morbidité périnatale modérée et sévère
  • Evaluer l’impact du dépistage de la PE au premier trimestre sur les événements indésirables potentiels :
    • iatrogénicité
    • sur-médicalisation
    • état de satisfaction et d’anxiété des femmes
  • Évaluer l’impact économique du dépistage de la PE au premier trimestre sur les coûts

Schéma expérimental

Essai multicentrique randomisé contrôlé en ouvert en 2 groupes parallèles (ratio 1:1), avec ou sans dépistage de la PE au premier trimestre de la grossesse

Population concernée

Femmes enceintes entre 11 et 14 SA

Actes ou Produit faisant l’objet de la recherche

Dépistage de la PE au premier trimestre : un algorithme développé par la FMF (Fédération des médecins e France) et basé sur les caractéristiques maternelles, les paramètres Doppler utérins et la concentration de PlGF calcule un risque de PE. Pour les femmes ayant un test de dépistage positif (i.e. risque prédit >1/100), un traitement par aspirine à 160 mg/jour sera prescrit, débuté le plus tôt possible et avant 15 SA et pris jusqu’à 36 SA

Groupe comparateur

Pas de dépistage de la PE au premier trimestre. Les femmes bénéficieront des soins habituels selon les recommandations françaises (CNGOF et SFHTA)

Bénéfices attendus pour les participants et pour la société

Plusieurs fabricants proposent actuellement le dépistage de la PE au premier trimestre de la grossesse en utilisant l’algorithme FMF. Alors que ce dépistage n’est pas recommandé par les autorités, et que sa balance bénéfices-risques n’est pas bien établie, un nombre croissant de maternités, y compris en France, semblent l’intégrer dans leurs pratiques de routine, exposant potentiellement un grand nombre de femmes à une surveillance inutile, et une procédure potentiellement iatrogène et coûteuse. Si le bénéfice sur la santé du dépistage de la PE est démontré, la mise en place de cette stratégie de dépistage réduira les complications périnatales liées à la PE, notamment la prématurité, et leurs coûts associés. La PE est également associée à des complications maternelles à long terme (maladies cardiovasculaires, insuffisance rénale). Une prévention efficace de cette maladie pourrait également réduire ces complications à long terme. Par ailleurs, au-delà du bénéfice pour la santé, l’essai RANSPRE évaluera également les obstacles potentiels à la mise en œuvre pratique de cette stratégie en début de grossesse, notamment concernant le Doppler utérin, et le coût de cette stratégie de dépistage, autant d’éléments nécessaires pour concevoir une politique de dépistage pertinente. A l’inverse, la démonstration de l’absence de bénéfice sur la santé de cette stratégie de dépistage constituera un argument de poids contre le déploiement de cette stratégie, évitant ainsi d’exposer les femmes enceintes aux risques iatrogènes potentiels du dépistage et du traitement, en particulier chez les patientes dépistées à risque, notamment examens et interventions injustifiés et stress. Un tel résultat négatif permettrait également d’économiser utilement de l’argent en évitant les coûts des composants du test de dépistage.

Nombre de sujets sélectionnés

14 500 femmes

Nombre de centres

21 maternités françaises

Durée de la recherche

  • durée d’inclusion : 24 mois
  • durée de participation (traitement + suivi) : 7 mois

Nombre d’inclusions prévues par centre et par mois

29 inclusions par mois

PROMOTEUR : AP-HP

Source de financement : PHRC National 2020

Etat d’avancement

L’étude a démarré le 6 mars 2023.

Au 11 mars 2024 , 21 centres sont actifs et 3270 patientes ont été incluses dans l’étude.
Le centre de Lille devrait bientôt nous rejoindre.