Vers un futur vaccin contre la méningite bactérienne du nouveau-né

La méningite bactérienne est une infection des membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinière. Elle est responsable de 250 000 décès par an dans le monde environ et elle peut provoquer des épidémies qui se propagent rapidement. En 2021, l’OMS a lancé une stratégie mondiale pour vaincre la méningite qui vise à sauver plus de 200 000 vies par an.

Chez le nouveau-né, les principales bactéries responsables de méningites sont Escherichia coli K1 (E. coli) et le Streptocoque du groupe B (SGB). Ces deux bactéries expriment à leur surface un polysaccaride appelé PNAG (poly-N-acetylglucosamine) qui pourrait être une cible de traitements futurs.

Le groupe du Professeur Skurnik à Necker a mené des travaux sur le polysaccharide PNAG après son identification comme cible vaccinale grâce à une technique reposant sur le séquençage au débit appelé TnSeq. En utilisant des anticorps ciblant le PNAG, les chercheurs ont prouvé qu’il était possible de prévenir et/ou traiter la méningite néonatale à E. coli K1 ainsi qu’à SGBdans un modèle de souris nouveau-nées.

La technique du séquençage au débit TnSeq vise à identifier des régions génomiques (gènes ou opérons) essentielles pour la fonction d’une bactérie. Les chercheurs ont créé des mutants de bactéries qui dépourvus de ces gènes d’intérêt. En utilisant ces mutants, ils ont pu montrer que l’expression de PNAG était indispensable pour la survie de la bactérie. Plus encore, PNAG est un facteur de virulence des infections systémiques et neurologiques à E. coli et SGB.

Les chercheurs ont par la suite reproduit une infection par voie générale (inoculation intra péritonéale) ou orale (administration orale) à E. coli avec une diffusion systémique et neurologique.

Les chercheurs ont prouvé qu’il était possible de traiter l’infection néonatales graves à E. coli : chez des souris ayant reçu un fort inoculum bactérien, l’administration d’anticorps dirigés contre PNAG 3heures après l’infection diminue le nombre de bactéries retrouvées dans les tissus.

Ils ont aussi prouvé qu’il était possible de prévenir l’infection à E. coli : l’administration d’anticorps avant l’inoculation bactérienne, diminue le nombre de bactéries retrouvées chez des souris 24heures après l’infection.

Après avoir démontré l’efficacité pré -clinique de vaccin anti-PNAG in vitro and in vivo des anticorps anti-PNAG , le groupe du Professeur Skurnik ont ensuite étudié l’efficacité d’une vaccination maternelle pour traiter ou prévenir les méningites néonatales.

Les souriceaux nés de mères immunisés par le PNAG étaient protégés, alors que les souris nées de mères non immunisées étaient infectées. De plus bébés souris nés de mères immunisées, puis allaités par une souris immunisée, étaient également protégés.

Chez l’humain, nous pourrions donc imaginer vacciner la femme enceinte au troisième trimestre de la grossesse. La vaccination stimulerait son système immunitaire, la femme créerait ainsi des anticorps qui passeraient le placenta et protègeraient le nouveau-né dès sa naissance et cette protection pourrait ensuite être maintenue en cas d’allaitement maternel.

Références :